Je vous ai reconnu d’abord à votre voix
Nous nous sommes croisés à Dieppe ou au Tréport
Vous parliez de bateaux, de voilures et je crois
Que la ponctualité n’était pas votre fort
Vous m’avez dit pardon excusez mon retard
Quand nous nous sommes vus pour la deuxième fois
Vous n’étiez pas rasé les cheveux en pétard
Votre doux négligé m’avait mis en émoi

Vous m’avez entraînée dans un bistrot du port
Et vous avez posé sur ma main votre main
À minuit nous parlions de la vie de la mort
Le temps avait passé c’était déjà demain
Si j’ai bon souvenir quand nous sommes sortis
Vous m’avez embrassée longuement j’étais bien
Le vent pouvait souffler pouvait tomber la pluie
Devant chez toi tout bas tu as murmuré viens

Je vous ai reconnu d’abord à votre voix
Souvenez-vous combien j’étais intimidée
Quand vous avez ôté mon chemisier de soie
Mais si souvenez-vous, vous-même rougissiez
Nous nous sommes connus du point de vue physique
Et dans les positions les plus inattendues
Combien je regrettais en cours de gymnastique
De n’avoir pas jadis été plus assidue

Vous m’avez fait alors si j’ai bonne mémoire
Un enfant un garçon prénommé Nicolas
Il vient d’avoir quinze ans mais c’est une autre histoire
Depuis septembre il est au lycée Gambetta
Je vous ai reconnu d’abord à votre voix
Vous me dites pardon et prenez tous les torts
Ne vous excusez pas moi je savais déjà
Que la ponctualité n’était pas votre fort